21 avril 2006

This is a... logic brainwash

Il est exactement 13 heures 31 et cela doit faire plus de deux heures et quelque que je me martyrise avec Le Mystère de la chambre jaune. J'ai arrêté ma lecture presque involontairement et uniquement pour réaliser cet article. La lecture des chapitres avant ma "pause forcée" m'a plus qu' énervée, et je compte préciser le pourquoi plus tard, sinon dans un prochain sujet. Si le titre de mon premier texte fut "lectrice désespérée", bah je ne vois pas comment autrement expliquer mon angoisse par un titre cette fois-ci.

Détendons-nous donc et prenons les choses "par le bon bout de la raison" (et comme cette phrase me vient spontanément, je me rends compte que malgré moi je commence à raisonner à la Rouletabille, et je trouve enfin le titre à mettre pour cet article).

Dans mon carnet de notes, j' ai noté que "ce n'est pas que l'intrigue, mais aussi la personnalit" des h"ros qui rend le livre impossible à suivre sans galérer." Je faisais bien sûr allusion à mon cher Rouletabille (principalement), qui ne cesse de m'exaspérer à chaque chapitre. J'ai tout autant marqué le passage des deux extraits à citer suivants - qui illustrent d'après moi parfaitement mon "constat" précédent.
Au chapitre 14, Sainclair raconte :

"Il faut, me dit Rouletabille, que je vous conduise sur les lieux pour que vous puissiez comprendre ou plutôt pour que vous soyez persuadé qu'il est impossible de comprendre."

!
Mais attendez, lisez aussi celui-ci :
"Et encore l'hypothèse qui, maintenant, s'élève du fond de mon moi est-elle si absurde, celle-là, que je préfère presque les ténèbres de l'inexplicable."

Bien que Rouletabille ne veut guère "impressionner" Sainclair, mais au contraire lui "exliquer", je crains que s'il continue à préférer ces ténèbres de l'inexplicable moi je serai loin de m'en sortir avec ce livre.
Malheureusement pour moi, Sainclair donne "la parole" à Rouletabille du chapitre 15 au chapitre 19. C'est-a-dire que j'ai dû suivre l'enquête à travers la narration de ce dément de Rouletabille pendant 4 chapitres entiers ! (et je vous assure que ceci a été ex-té-nu-ant !) Dans un moment où l'action fut très intense, Rouletabille fige sa narration : il me livre alors à un long récit d'anticipation et d'hypothèses soûlantes et j'ose même dire inutiles qui n'a fait que m'embrouiller encore plus que je ne l'étais déjà. Au chapitre 15, Rouletabille délibère : "Ah ! Voir et savoir, sans troubler le silence !" Moi, je dis : "Voir et savoir, sans troubler le lecteur !"

Pour mieux vous faire comprendre, moi, je suis du "vite fait, bien fait", et c'est peut-être pour cela que je ne lis pas de romans policiers, et que j'ai du mal avec ce Rouletabille qui contredit mon idéologie !

Au chapitre 19, Sainclair raconte :
"[...] et je comprenais, à la joie qu'il prenait à manipuler les verres de presbyte, que ceux-ci devaient constituer une de ces "marques sensibles destinées à entrer dans le cercle tracé par le bon bout de sa raison."
On a encore l'exemple d'une des nombreuses expressions "compliquées" qu'utilise Rouletabille et qui deviennent incompréhensibles au cas où l'on a pas suivi et surtout compris l'enquête ligne par ligne.
Pour moi, Le Mystère de la chambre jaune est un des romans où l'on ne peut, où l'on n'a pas le droit de tricher et des sauter des pages. C'est comme si Rouletabille nous l'interdit et nous avertit tout au long du recit - on finit par avoir presque peur de tricher et de s'opposer à lui.

Au chapitre 19, Sainclair commente :
"Cette facon bizarre, unique, qu'il avait de s'exprimer en usant de termes merveilleusement adéquats à sa pensée ne me surprenait plus ; mais souvent il fallait connaître sa pensée pour comprendre les termes et ce n'était point toujours facile de pénêtrer la pensée de Joseph Rouletabille. "

Sainclair a comme besoin de "défendre", d'expliquer au lecteur le surnaturel de Rouletabille. Il n'est donc point sûr que le lecteur puisse s'en sortir avec lui et le comprendre. La façon de penser de Sainclair est elle-même contraire à celle de son ami - il a comme besoin de s'expliquer d'abord à lui-même puis ensuite, secondairement et presque indirectement, au lecteur, puisqu'il craint que celui-ci raisonne comme lui, c'est-à-dire comme une "savate" (d'après Rouletabille).

Ce génie de l'enquête est tellement insupportablement logique que même le narrateur a besoin de faire des pauses pour "se remettre les idées en place".

Et tout cela finit par être bien compliqué...

Je me relis, et je peux conclure qu'apparemment, ce pauvre Rouletabille, je ne l'ai pas tellement en sympathie. Il est beaucoup trop sûr et logique pour moi. Je crois même qu'il est le héros le plus bizarre et difficile que j'ai jamais rencontré dans un roman.

On peut être sûr que ce livre ne me laissera pas tranquille avant que je ne l'aie fini.

Cependant je pense que je continuerai à subir ce... logic brainwash à la Rouletabille.
À plus,
caro coincoin ;0

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